Date, Horaire et lieu
10/10/2019 - 11/10/2019, Toute la journée - Salle du Conseil, UFR LASH, Université Nice Sophia Antipolis
Relire les Avant-Gardes :
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Colloque international
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Argumentaire
Quelle que soit la définition et quelle que soit la délimitation chronologique que l’on choisit, il apparaît clairement que l’apparition de l’avant-garde bouleverse les écritures et modifie en profondeur la création de plusieurs générations d’artistes en Europe. Parmi les traits caractéristiques de ce qui restera comme l’art par excellence du XXe siècle, on peut compter la prise de conscience de l’importance du groupe et de la création collective : « … avec Sophie Taeuber et Suzy et Alberto Magnelli, notre petit groupe formait un îlot de paix et d’amitié qui créait une atmosphère favorable au travail »[1], note ainsi Sonia Terk-Delaunay dans son autobiographie. Si c’est cette « atmosphère favorable au travail » qui retient notre attention, ce n’est toutefois pas la dimension de « groupe » qui nous préoccupe ici[2], mais plutôt celle du « couple » et du dialogue « à deux ».
S’il est vrai qu’à l’intérieur du couple la femme s’efface généralement[3], ou est considérée comme une « muse inspiratrice[4] » pour des raisons de misogynie ordinaire, il est tout aussi vrai que les échanges, les discussions et le partage du travail marquent ou tout au moins laissent des traces sur les créations des deux partenaires. Les cas du couple Sonia Teck et Robert Delaunay, et celui de Frida Kahlo et Diego Rivera, sont probablement les plus célèbres et les plus étudiés : il importera toutefois de suivre cette recherche de nouveaux langages et les parcours de création issus de ces échanges également, par exemple, chez Valentine de Saint-Point et Ricciotto Canudo, Rosetta et Fortunato Depero, Enrico Prampolini et Maria Ricotti, Emmy Hennings et Hugo Ball, Sophie Taeuber et Jean Arp, Marinetti et Benedetta, Marie Laurencin et Apollinaire, Pierre Albert-Birot et Germaine de Surville, Ruggero Vasari et Vera Idalson, Céline Arnauld et Paul Dermée, Yvan Goll et Clara Aischmann, Herwarth Walden et Else Lasker-Schüler, Raymond Radiguet et Jean Cocteau, Norah Borges et Guillermo de Torre, Valentine Parx et Ossip Zadkine, Claude Cahun et Suzanne Malherbe, Gerda Taro et Robert Capa, Tina Modotti et Edward Weston, Luciano Berio et Cathy Berberian, Mauricio Kagel et Wilhelm Bruck, Kurt Weill and Lotte Lenya, Bertolt Brecht and Hélène Weigel.
Le récent catalogue consacré aux Couples modernes(1900-1950), publié en 2018 sous la direction d’Emma Lavigne, avec la collaboration d’Elia Biezunski, Pauline Créteur et Cloé Pitiot[5], fournit une liste très exhaustive ; s’agissant du catalogue d’une exposition, il n’a toutefois pas vocation à approfondir d’un point de vue esthétique ou génétique le travail de création émanant du couple, mais quelques pistes de réflexions y sont déjà évoquées, in nuce. Quelles formes prend ce laboratoire créatif qu’est le couple ? En existe-t-il une trace dans les manuscrits et les correspondances ? Enregistre-t-on des évolutions entre les périodes « avant le couple » et pendant la vie commune ? Quels lieux fréquente le couple, pour la formation et pour la création ? Quelles formes prend la reconnaissance du travail émanant du couple ?
[1]Sonia Delaunay, Nous irons jusqu’au soleil, Paris, Robert Laffont, 1978. Voir aussi Georges Bernier, Monique Schneider-Maunoury, Robert et Sonia Delaunay. Naissance de l’art abstrait, Paris, Jean-Claude Lattès, 1995.
[2]Sur la question du « groupe », cf. Bart Van Den Bossche – Barbara Meazzi, « « Nous ! » Quelques remarques à propos de groupements et partages dans les avant-gardes historiques », Arcadia, juin 2016,https://www.degruyter.com/abstract/j/arca.2016.51.issue-1/arcadia-2016-0006/arcadia-2016-0006.xml.
[3]Nous renvoyons au très récent ouvrage Le troisième sexe de l’avant-garde, Franca Bruera et Cathy Margaillan (dir.), Paris, Classiques Garnier, 2017.
[4]Voir par exemple La fotografia vista da Josif Brodskij: l’altra ego dei poeti da Baudelaire a Pasolini, Milano, Bompiani, 1990.
[5]Couples modernes (1900-1950), sous la direction d’Emma Lavigne avec la collaboration d’Elia Biezunski, Pauline Créteur et Cloé Pitiot, Paris, Centre Pompidou-Metz / Gallimard, 2018. Cf. également l’expo consacrée aux couples d’artistes russe organisée par le MAN – Museo d’Arte della provincia di Nuoro, à partir du 1erjuin 2017 : http://www.museoman.it/it/mostre/mostra/mostra/Amore-e-rivoluzione-00001/Le catalogue a été publié chez Silvana Editoriale.