Anne BROGINI, Une noblesse en Méditerranée. Le couvent des Hospitaliers dans la première modernité, Presses Universitaires de Provence. Collection / Série : Le temps de l’histoire, 353 pp.
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Ordre militaire religieux issu des Croisades, chassé du Levant en 1522, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, mieux connus sous le nom de chevaliers de Malte, établissent en 1530 leur couvent en Méditerranée occidentale, devenant des acteurs essentiels de l’histoire de l’Europe dans la première modernité. Cet ordre, constitué par la fine fleur de la noblesse européenne, compte aux XVIe-XVIIe siècles un nombre très élevé de nobles français, et particulièrement provençaux ; ces derniers représentent le quart des grands-maîtres élus en un siècle et demi. Les chevaliers se spécialisent dans la définition nobiliaire, par l’établissement d’un système d’admissions fondé sur la constitution d’écritures et de généalogies, et sur la fourniture de preuves de la pureté du sang et de la race. Cet ordre, symbole d’une perpétuation de la guerre sainte en Méditerranée, est aussi confronté à la diffusion du protestantisme au sein des noblesses européennes, qui l’oblige à conforter son identité religieuse par l’application stricte dans le couvent de la Réforme catholique, œuvrant à une grande discipline des corps et des moeurs des chevaliers. Dans un couvent dirigé à Malte par des grands-maîtres qui mettent en place une véritable vie de cour, les chevaliers sont également sensibilisés aux théories et aux évolutions politiques qui s’observent en Europe : des conjurations nobiliaires éclatent, qui tentent en vain de résister aux ambitions princières des grands-maîtres.