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Une île dans la guerre – La Corse, 1914-1918
Jean-Paul Pellegrinetti, Une île dans la guerre – La Corse, 1914-1918, Paris, Belin, 2020, ISBN : 978-2-7011-9903-0.
La Corse fait figure d’exception au sein de l’espace républicain français. Département périphérique où l’italianité culturelle demeure forte, elle est aussi très fortement sollicitée au moment des conflits du XXe siècle, au premier rang desquels la guerre de 1914-1918. Pour environ 52 800 soldats mobilisés, le nombre de morts est de l’ordre de 11 000, ce qui en fait l’un des premiers taux de » morts pour la France « .
La guerre devient ainsi le moment révélateur d’un engagement républicain que l’on oppose bien souvent à une forme d’esprit insulaire. Jean-Paul Pellegrinetti propose de réévaluer nombre d’interprétations aujourd’hui dominantes, qu’il s’agisse des mobilisations, du patriotisme et de l’engagement, de la ténacité et de l’exercice de la violence sans oublier les complexes questions identitaires (entre petite et grande patrie).
En outre, à rebours d’une histoire surplombante, le cadre insulaire envisagé se prête particulièrement à une approche » par en bas « , c’est-à-dire par les acteurs eux-mêmes, notamment au travers de l’analyse des nombreuses correspondances échangées par les mobilisés et leurs familles. Cette étude originale et stimulante repose sur l’analyse d’une collection de près de 10 000 documents intimes et privés, constituée par les correspondances de 120 poilus insulaires de toutes conditions, représentatifs de la société corse.
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Un département de l’arrière
Ralph, Schor, Un département de l’arrière. Les Alpes-Maritimes durant la Grande Guerre 1914-1918, Ed. Serre, Nice, 2018, 128 pp, ISBN: 9782864106463.
Durant la Grande Guerre, les Alpes-Maritimes, éloignées du front, furent épargnées par les combats. Mais, si les sanglantes batailles demeurèrent une réalité lointaine, d’autres épreuves se révélèrent terriblement présentes.
Le contexte guerrier était attesté à chaque instant par la présence des blessés et des réfugiés civils repliés dans les grands hôtels, par l’effondrement du tourisme, principale ressource de la région, par les incessantes pénuries, les spectaculaires hausses de prix, donc l’aggravation de la pauvreté. La guerre souligna la vulnérabilité économique des Alpes-Maritimes. En effet, ce département, situé aux marges du pays, dépendant des importations pour l’énergie, le ravitaillement et beaucoup de produits manufacturés, souffrit durement de la fréquente interruption des transports. La population, marquée par l’angoisse qu’engendraient la longueur et l’incertitude des combats, mécontente des difficultés de la vie quotidienne, fit souvent preuve de nervosité, parfois de colère.
Le littoral urbanisé des Alpes-Maritimes pâtit davantage des pénuries alimentaires et énergétiques que le haut pays rural, plus adaptable à une vie autarcique. Le littoral fut davantage atteint par les désordres sociaux, délinquance juvénile en forte augmentation, prostitution, mendicité. Mais les villes et les campagnes furent rapprochées par un facteur puissant : les inquiétudes sur le sort des hommes partis au front ou prisonniers, l’appréhension de recevoir une funeste nouvelle. L’anxiété et parfois l’expérience de la mort jouèrent un rôle unificateur considérable dans la société.
Tout au long du conflit, l’opinion publique se manifesta avec force, aussi bien dans l’expression de l’anti-germanisme que dans la critique à l’égard des commerçants, des élus locaux, des responsables politiques les plus éminents comme le montra, entre autres, l’affaire du XVe corps. Mais, en dépit des épreuves et de l’ébranlement de nombreuses certitudes, l’adhésion au régime et à ses valeurs fondamentales, de même que l’appartenance d’un jeune département à la nation française ne furent jamais remis en cause.
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